21 mai 202321 mai 2023 Récit d’un accouchement inopiné Je me souviens encore de ce Mardi 10 février, comme si c’était hier. Comme tous les matins depuis 2 semaines, je me rends à mon rendez-vous chez la sage-femme pour un monitoring de contrôle. Oui, par ce qu’apparemment ma fille à un retard de croissance, c’est trop bizarre (en vrai, la secrétaire, c’était trompé de 10 jours en calculant le terme) . Donc, j’arrive pour mon monitoring comme tous les matins, je m’installe tranquillement, avec mon livre (mille soleils splendides de Khaled Hosseini) en salle d’attente, la sage-femme vient me donner la petite bandelette pour faire mes urines en attendant qu’un lit se libère pour le monitoring. Après quelques minutes d’attente, c’est à mon tour de passer au monitoring. Je donne ma bandelette à la sage-femme et m’installe sur le lit. Elle installe son monitoring et retourne à son bureau. Deux minutes plus tard, elle revient me prendre la tension et là, je la vois commencer à faire une tête bizarre et me souris jaune. Elle me dit “ah, la tension est un peu élevée, je vais en discuter avec le gynécologue et je reviens”. Moi, ok, je ne m’inquiète pas plus que ça. Sachant que c’est mon premier bébé, que je n’y connaissais rien au monde de la maternité. Je laisse les choses se faire. Après 5 min, la sage-femme revient et me dit : “On va devoir vous garder en observation jusqu’à demain.” Là, dans ma tête, c’est la bagarre totale. Je n’avais pas prévu de rester, je suis juste venue pour faire ce f***u monitoring et rentrer chez moi, j’avais tout un programme pour cette journée. Elle a gâché mes plans. Je lui demande des explications, je veux savoir ce qu’il se passe, pourquoi je dois rester. Elle : “votre tension est un peu élevée (14) et vous avez des protéines dans les urines, donc le médecin trouves que c’est plus prudent de vous garder en observation jusqu’à demain.” Là, j’appelle mon mari pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Pour l’instant, je suis confiante, pour moi, tout va bien. Je passe donc la nuit dans une chambre d’hôpital, les infirmières sont passé plusieurs fois pour prendre ma tension et me demander comment je vais. Je me sentais bien, mais je n’ai pas dormi de la nuit, j’avais hyper mal au ventre, je ne savais pas ce que c’était, je pensais avoir mangé quelque chose qui ne voulait pas passer (en fait, c’étaient des contractions.) Arrivé au lendemain matin, le mercredi 11 février, de bonne heure, une infirmière (ou auxiliaire, je ne sais pas) est venu me prendre une énième tension et me dire qu’on allait me préparer pour la césarienne. Et là, mon cerveau s’est éteint, j’ai bugé. Je puise au fond de moi, le peu d’énergie que j’ai et je demande des explications. Moi : une césarienne… ? Pourquoi ? Y a un problème… ? Infirmière : le médecin n’est pas passé vous voir hier soir. Moi : non, je ne l’ai pas vu, ni hier ni ce matin. Infirmière : ah, madame, vous avez une césarienne programmée pour ce matin. Ça été décidé depuis hier Moi : pourquoi …? Qu’est-ce qu’il se passe ? Infirmière : je vais dire au médecin de passe vous voir. J’attends, j’attends… En attendant que le médecin arrive, j’essaie de joindre mon mari qui ne répond pas. J’essaie plusieurs fois, mai rien. Je perds pied, je panique, je me sens seule. Je commence à pleurer au fond de moi tout en essayant de garder un peu de force pour pouvoir affronter le médecin. Lorsque le médecin arrive, il examine mon col et me dit qu’il n’est pas favorable, il n’est pas ouvert du tout. Médecin : on va vous préparer pour la césarienne, c’est urgent. Moi : expliquez-moi ce qu’il se passe. Médecin : vous faites une pré-éclampsie, si on ne sort pas votre bébé tout de suite, on risque de vous perdre ou de perdre le bébé.Il faut faire vite, madame. Moi : mais… Je suis toute seule, mon mari n’est pas là, on ne peut pas faire autrement ? Médecin : si, on peut attendre et voir si le travail démarre tout seul, mais ça risque quand même de finir en césarisme. Et plus on attend, plus le risque augmente. Mon mari me rappelle vers 10 h, j’étais en pleure sous la douche, je lui ai dit de venir tout de suite par-ce qu’on va me faire une césarienne, je dois signer des papiers, mais je ne comprends rien, je n’ai plus de force. Il débarque une demi-heure après le mec. Il discute avec le médecin qui lui explique le problème. L’infirmière me prépare pour le bloc, mon cerveau est toujours éteint, je n’entends rien, je ne vois rien, tout ce qu’il y a dans ma tête, c’est le mot “CÉSARIENNE”. Ça raisonne. J’arrive au bloc à 12 h, l’opération commence, je suis allongé sur ce lit, les mains attachées, je regarde le plafond, j’entends le gynécologue et ses assistantes discutaient, raconter leur vie. 15 min plus tard, j’entends ma fille pleurer. L’anesthésiste me la pose rapidement devant mon visage et la reprend aussitôt. Elle me dit “vous n’avez pas le droit de la toucher”. Après cela, tout s’est enchaîné. Le gynécologue m’a recousu, et je l’entendais se venter de “ma belle cicatrice, elle est presque invisible” et ses collègues approuvées “franchement, nickel, on ne voit rien”. Pendant ce temps, quelqu’un s’occupait de ma fille. Le calvaire n’était pas fini, on me met en salle de réveil avec toutes les personnes qui sont passées aux blocs avant moi. Je suis couverte comme une cosmonaute et branché de partout. Toutes les 5 min, j’entends ma machine sonner, les infirmières déboules en courants, elles s’affolent. Apparemment, quelque chose ne va pas, pourtant, je me sens bien. Je reste 2 h en salle de réveil, autant vous dire que j’en avais marre. Deux heures à entendre ma machine sonner et voir les infirmières en panique. Je me sens bien, mais à l’intérieur de mon corps, c’est la folie, ma tension oscille entre 18 et 19, tout le monde est en panique, on m’injecte des médocs pour faire baisser la tension, mais rien n’y fait. Je peux enfin remonter dans ma chambre, retrouver mon bébé. J’ai conscience qu’un petit être est sorti de moi, mais je n’ai pas l’impression d’avoir accouché. Je ne veux pas de ce bébé, ce n’est pas le coup de foudre, je ne me sens pas mère. Je me recroqueville, sur moi-même et j’essaie de faire le vide dans ma tête. Je suis toujours branchée et cette foutue machine continue de sonner. Pourtant, je vais bien. Les infirmières passent régulièrement me poser les mêmes questions et je donne toujours les mêmes réponses. La nouvelle de mon accouchement s’est vite propagée, les gens affluent dans la chambre pour voir le bébé, il y a beaucoup de bruit, de joie et de bla-bla, quant à moi, je suis épuisée, mais je m’efforce de sourire et de faire semblant que tout va bien. Je reste 5 jours à la maternité en étroite surveillance, ma tension, est finalement retombée à 15 ce qui reste tout de même très élevé, mais on m’autorise à rentrer chez moi avec ce petit être que je ne connais pas. Ce petit être qui est sorti de moi, mais à qui je ne me sens pas lié. Je ne me sens pas mère. Je suis juste moi. Lorsque mes amies me demandent “alors, qu’est-ce que ça fait d’être mère ? “ Je réponds que je ne sais pas, je ne me sens pas mère. Je suis juste moi, rien à changer. Il y a ce petit être qui est sorti de moi, mais je n’ai pas l’impression d’être devenue mère.Mes amies me trouvent bizarre, mais c’est la vérité. Blog Grossesse et naissance Maman #accouchement#césarienne#enceinte#grossesse#umalizandro